L’association Graine en Main a développé un projet social de maraîchage biologique dans le potager du château appartenant aux descendants de Pierre de Coubertin. Une petite dizaine de salariés en insertion y cultivent la terre pour prendre un nouveau départ.
Dans le parc du château de Mirville, où le baron Pierre de Coubertin a passé son enfance, un petit groupe s’affaire au ratissage des choux entre les allées et le verger. Le cadre est attrayant sur ce terrain d’un hectare qui jouxte le château de Mirville, construit en 1530 et inscrit aux monuments historiques. Jacques de Navacelle, propriétaire des lieux et arrière-petit-neveu du spécialiste de l’olympisme, se réjouit du partenariat noué avec l’association Graine en Main.
Une relation gagnant-gagnant
« Nous avons un potager d’un peu plus d’un hectare en clos de mur, avec un jardin assez exceptionnel. Mais cela nécessitait du personnel pour l’entretenir et je n’étais plus en mesure d’embaucher des gens. Or, s’occuper de la centaine d’arbres fruitiers, pour certains centenaires, implique de l’attention », relève Jacques de Navacelle. Il a été mis en relation avec l’association via le château de Daubeuf, où Graine en Main se rend chaque vendredi y mener un projet semblable de permaculture. « Ils sont ici chez eux et semblent avoir trouvé le jardin idéal pour y développer leur activité. Je mets le potager à leur disposition afin qu’ils l’entretiennent et de leur côté, ils l’exploitent en aidant des personnes en insertion, c’est très bien », poursuit le propriétaire.
Ce partenariat, qui n’implique « aucune transaction financière », a été contracté en juin. « Nous ne pouvions pas travailler uniquement pour le bien-être du château de Mirville. En exploitant ce lieu, nous le conservons en l’état et souhaitons à terme mettre les terres en valeur comme au château de Daubeuf », explique Arthur Baur, éducateur spécialisé en charge du projet d’insertion et ancien président de l’Amap de Fécamp.
« Lorsque nous sommes venus en juin, l’herbe nous arrivait jusqu’au ventre, relate Olivier de Sutter, qui encadre le projet sur le site. Nous avons commencé par planter des choux, puis des poireaux et un peu de betteraves. Ensuite, nous prévoyons de débroussailler les prés où l’on a retrouvé de vieux châssis en brique (des anciennes serres sous vitre). Nous souhaitons à l’avenir faire pousser des fleurs et des plantes aromatiques, des buttes de déchets verts, créer un jardin entier sans matériel mécanique. On veut alterner du maraîchage biologique avec du beau ».
Une AMAP à Bolbec ?
L’association Graine en Main intervient sur les lieux avec une dizaine de salariés en insertion, pour lesquels la structure a reçu un agrément de la Dirrecte. Les membres de cet atelier, dont l’objectif reste avant tout de se réinsérer professionnellement, viennent du Havre ou de Fécamp. Ils sont âgés de 25 à 59 ans, souvent éloignés de l’emploi, en situation de handicap ou réfugiés. Une bonne occasion pour remettre un pied dans le monde du travail pour Gérald, Laurent, Omar ou Salem, qui travaillent vingt-six heures par semaine et participent à la vente des récoltes sur les marchés, dont le mercredi à Lillebonne.
L’association à but non lucratif Graine en Main qui les emploie et compte six salariés, a été créée en septembre 2016 à la suite du rachat, grâce à une levée de fonds citoyenne, de l’ancienne ferme d’Olivier de Sutter à Etainhus, en reconversion biologique depuis 2010 mais en proie à des difficultés financières. « On a alors proposé de reprendre l’activité sous la forme d’un chantier d’insertion sur le modèle des Jardins de Cocagne, reprend l’éducateur. Au départ on a été un peu naïf : un projet social, professionnel, biologique, ça plaisait à tout le monde ! Mais finalement, nous sommes très peu subventionnés et l’on se demande toujours comment se diversifier, alors que l’on exerce avant tout une activité sociale ».
Graine en Main distribue cinq associations pour le maintien d’une agriculture de proximité (AMAP) dans la région, alors qu’une discussion est en cours avec la MJC de Bolbec pour la création d’une AMAP dans la ville.
Source : Courrier Cauchois
https://www.lecourriercauchois.fr/actualite-178717-chateau-de-mirville-un-panier-pour-l-emploi